Le sexe dans la littérature pour adolescents et jeunes adultes

Depuis plus d’une décennie la littérature pour adolescents a laissé tomber tous les tabous. On y parle de tout. Même de sexe. Et avec précision.

De la première relation sexuelle complète décrite par Gudule dans L’amour en chaussette, à l’obsession des adolescents à perdre leur virginité dans Une idée fixe de Melvin Burgess, en passant par l’homosexualité féminine (Macaron citron) et masculine (Le faire ou mourir), les voiles sont tombés et on n’a plus peur d’aborder tous les sujets. Le tout est que cela se sache et que les jeunes puissent avoir accès à cette mine d’or de renseignements.

Alors, parlons-en !

L’amour en chaussette, Gudule, Thierry Magnier.

Le roman commence avec le coup de cœur de Delphine pour son professeur d’arts plastiques. Si le bel enseignant n’a pas froid aux yeux et remplace volontiers un cours de dessin par une démonstration de pose de préservatif sur un pied de chaise, il n’en repousse pas moins fermement la jeune fille. Delphine reportera ses ardeurs sur Arthur, un de ses camarades. Les deux adolescents vont vivre ensemble leur première relation sexuelle que l’auteur – pour la première fois dans un roman à destination des jeunes – va décrire du début à la fin. C’est joli, c’est doux, c’est explicite et on rêverait que toutes les premières fois se passent de la sorte. Préservatif compris.

Une idée fixe, Melvin Burgess, Gallimard jeunesse.

Ils sont trois. Des garçons de 15 ans. Et ils ne pensent qu’à ça. Ils n’ont qu’une idée en tête : perdre leur virginité. Mais une chose est d’y penser, une autre est de passer à l’acte. Là, ils se trouvent face à la réalité et dans leur tête ce sont les questions qui se bousculent. Et comme dans la vraie vie, elles sont bien différentes d’un garçon à l’autre. Le roman est drôle, juste, impertinent, un brin provocant – il est écrit pas Melvin Burgess, après tout – et… tout à fait précis. Bref, il sent le vécu. Gageons qu’ils seront nombreux les ados à s’y retrouver.

Macaron citron, Claire Mazard, Syros jeunesse.

Colline est amoureuse mais elle n’est pas sûre que ses sentiments soient partagés. Elle en parle à son Papa. A sa Maman. A sa Grand-Mère dans sa maison de retraite aussi. Ils sont tous bienveillants même si ça leur fiche un coup de voir leur petite devenir si grande. Son frère est aussi dans la confidence. Lui sait même que sa frangine est aimée en retour. Reste à savoir comment le reste de la famille prendra la nouvelle. L’amoureuse est elle aussi une fille. Sous la plume fine et délicate comme un macaron citron de Claire Mazard, les ados pourront lire le premier coming out féminin de la littérature jeunesse.

Le faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Editions du Rouergue.

Damien est un adolescent fragile, sensible et mal dans sa peau. A l’école, il n’a pas d’amis. A la maison, son aspect délicat met son père en rage. Mais un jour, Samy et sa bande de gothiques le prenne sous leur aile. Sa vie change plus qu’il ne l’aurait imaginé. Samy, lui, n’a pas peur de montrer ses sentiments. Il aime Damien et le lui dit. Damien hésite. Entre ses sentiments qu’il doit démêler et la peur du regard des autres, il se raccroche à ses démons. La seule chose qui le soulage est de se taillader la peau et de faire couler le sang. Un roman bref, juste et qui n’a pas peur de décrire la vie comme elle peut l’être.

Tabou, Frank Andriat, Mijade.

Loïc n’est plus là. Il est mort. Il a choisi de se suicider plutôt que d’assumer son homosexualité. Ses camarades de classe n’en reviennent pas. Ils ne voient pas vraiment où était le problème. Qu’est-ce qui a pu pousser Loïc à un acte aussi extrême alors que pour eux ce n’était pas grand-chose. Du moins c’est ce qu’ils pensent maintenant qu’il est trop tard pour Loïc qui n’a pas pu assumer sa différence. Par petites touches, chacun y va de son avis et de son analyse. Comme toujours c’est avec justesse et sa grande connaissance des adolescents que Frank Andriat fait réfléchir et avancer les choses.